La bien-aimée de Kandahar

Felicia Mihali

septembre 16

Irina a 24 ans, elle étudie la littérature et travaille comme serveuse chez Trois Brasseurs. Un jour, son destin sera complètement bouleversé par un journaliste qui prend sa photo pour la couverture d’un célèbre magazine. Soudainement propulsée au statut de cover-girl, elle se voit couronnée du titre de fille la plus sexy par un bataillon de soldats en Afghanistan. La lettre de Yannis, postée à Kandahar, va bientôt révéler la face cachée de la célébrité. Inspirée d’un fait réel, cette histoire d’amour est en même temps une véritable fresque sociale qui superpose la fondation de Montréal à la guerre en Afghanistan. 



Journaliste, romancière, et professeure, Felicia Mihali vit présentement à Montréal. Après des études en français, chinois et néerlandais, elle s’est spécialisée en littérature postcoloniale à l’Université de Montréal, où elle a également étudié l’histoire de l’art et la littérature anglaise. Elle a publié sept romans en français et deux en anglais, dont La bien-aiméee de Kandahar, qui est une réécriture de The Darling of Kandahar (2012), noté par <Canada Reads> comme un des dix meilleurs romans québécois de l'année 2013. 

Ce qu'ils disent

Dossier dans le numéro 99 de la revue Les libraires.
10 auteurs issus de la diversité. 
Felicia Mihali

< Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’écrivaine Felicia Mihali qui vit au Québec depuis 2000, n’a pas peur de fouler les bancs d’école. En effet, celle qui a d’abord étudié à l’Université de Bucarest s’est ensuite tournée vers l’Université de Montréal. Elle a étudié la philologie, les langues (français, chinois et néerlandais), les lettres, l’histoire de l’art, l’histoire et la littérature anglaise. Le pays du fromage, son premier roman fort remarqué publié en 2002, sera ensuite suivi de Luc, le Chinois et moi, La reine et le soldat, Sweet Sweet China, Dina et, notamment, Confession pour un ordinateur. Points communs des ouvrages de cette romancière qui est également journaliste et professeure d’histoire? Des personnages qui se laissent porter par la vie, la question de l’identité et l’histoire qui s’y taillent toujours une importante place.  > . -- fév. 2017

< Il faut saluer ici la qualité du style de l’écrivaine, tout en nuance et en subtilité. Une œuvre qui nous faire redécouvrir, ce qui n’est jamais inutile, quelques éléments clés de notre histoire via le récit à la première personne de cette jeune femme qui s’adresse à nous avec délicatesse et intelligence. Le lecteur traverse le roman de quelque 160 pages avec un grand plaisir.

Un bon mot également pour la maison d'édition, dont on suivra assurément la production dans le futur, car elle s’impose visiblement un choix éditorial rigoureux en nous donnant à lire un texte fort bien supporté par une mise en page soignée, ce qui témoigne du respect qu’elle voue à ses lecteurs. Une qualité qui, hélas, n’est pas toujours bien comprise dans le monde de l’édition. >

-- Daniel Giguère, PHARE.MEDIA, le 22 janvier, 2017


En avril 2007, un sergent canadien en mission en Afghanistan avait écrit au magazine Macleans pour le remercier d’avoir publié en page couverture la photo d’une jolie jeune fille qui plaisait beaucoup aux soldats déployés à Kandahar. Macleans avait saisi l’occasion pour faire un article divertissant sur « la bien-aimée de Kandahar ». L’auteure montréalaise d’origine roumaine Felicia Mihai s’inspire de ce fait réel pour y inventer une suite sous forme de correspondance entre le militaire et la jeune fille, elle aussi d’origine roumaine. Le roman est constitué d’observations sympathiques de l’immigrante roumaine à Montréal sur sa vie, ses amours, l’histoire de la Nouvelle-France et enfin la guerre en Afghanistan. L’histoire avance par petites touches sur un ton agréablement détaché, comme si les aléas de la vie arrivaient par hasard, sans qu’on puisse y faire grand-chose. Ce septième roman de Felicia Mihai, d’abord publié en anglais en 2012, est un riche ajout à la littérature de cette « troisième solitude » que forment, selon l’auteure, les immigrants au Québec.

 
< Je lis Felicia Mihali depuis Le pays du fromage, son tout premier roman, paru en 2002. Un texte qui nous entraîne dans la Roumanie de Ceausescu pour nous faire ressentir, au plus profond de nous, les démences de la dictature. Madame Mihali a vécu son enfance sous le joug de l’un des pires dictateurs de notre époque. Cette période l’a marquée et elle y reviendra dans plusieurs de ses publications. Elle s’intéresse aussi aux mythes fondateurs de l’Occident et m’a entraîné dans des temps lointains, avec Alexandre le Grand, en plus de me plonger dans la Chine mystérieuse. Grande voyageuse, éternelle étudiante, journaliste et critique de théâtre à Bucarest, elle a amorcé une carrière d’écrivaine au Québec, s’imposant comme une voix originale et essentielle. Et voici La bien-aimée de Kandahar, un roman intriguant, surtout avec un titre semblable. C’est toujours comme ça avec Mihali. Elle nous pousse dans un monde difficile, devant les pires horreurs, sans avoir l’air de s'y attarder.  >

-- Caroline Jarry, Le Devoir, le 21 janvier, 2017
 
 
QUOTIDIEN
 
Irina vit à Montréal et s’y sent bien. Comme bien des personnages de Felicia Mihali, ce n’est pas une impulsive qui bouscule les gens et tente de secouer son quotidien. Elle se laisse plutôt porter par la vie, étudie, travaille dans une brasserie, vit des amours éphémères sans connaître les élans qui retournent l’être. Le personnage de sa mère est beaucoup plus tranché. Cette femme ne fait pas de compromis et vit comme elle l’entend, ne permettant à personne de diriger sa vie.
 
Ma mère n’a jamais travaillé au Canada. Depuis son arrivée ici, elle n’a fait qu’étudier, avec de petites pauses entre différents programmes universitaires. Elle détient un baccalauréat et une maîtrise en histoire, ainsi qu’en histoire de l’art, mais ne lui demandez pas dans quel but elle a fait ces études. Cette question la fait enrager. Pourquoi une femme devrait-elle étudier dans un but spécifique ? La passion ou l’intérêt ne suffisent-ils pas ? La vie idéale envisagée par ma mère est de pouvoir aller à l’école jusqu’à un âge vénérable, de rester à la maison et de se consacrer à son art. (p.9)
 
Irina accepte de poser pour le photographe et la voilà une vedette, celle qui fait tourner les têtes. Elle apprend à se voir dans les yeux des autres, découvre sa beauté, son charisme. Sa vie ne peut plus être la même. 
Yannis, un militaire, un fils d’immigrant comme elle, se retrouve au bout du monde à faire la guerre. Il participe à  l’intervention en Afghanistan, à la chasse aux terroristes, cette guerre sans fin. Il en est ainsi des affrontements de nos jours. La puissance militaire américaine, capable de pulvériser la planète, n’arrive plus à gagner ses guerres depuis son aventure au Vietnam. Les conflits s’éternisent dans des attentats de plus en plus sanglants, touchant particulièrement les femmes et les enfants.
 
QUESTIONS
 
Dans ses courriels, le militaire tente d’expliquer sa présence dans ce pays du bout du monde, ce qu’il ressent en frôlant la mort chaque jour, devant le regard des Afghans où il voit la haine. Pas facile d’être un étranger, de savoir que l’on impose sa présence à d’autres. La situation de conquérant détesté et admiré, l’occupation militaire, la pire forme de dictature même si elle se fait au nom des grands principes de la liberté. Ce n’est pas sans rappeler l’entreprise de Roxanne Bouchard et Patrick Kègle, dans En terrain miné, une correspondance d’un soldat qui servait à Kaboul et d’une écrivaine pacifiste.
 
Le jeune militaire est d’une lucidité étonnante et jette un regard particulier sur le monde et la vie. Irina sort peu à peu de son cocon, de cette forme d’hibernation. Il en est souvent ainsi dans une société où les individus sont réduits à l’état de consommateurs. Il faut peut-être confronter la mort pour sentir le flux de la vie, trouver un sens à l’existence. La guerre peut-elle rendre plus humain ? Les jours suivants, j’ai commencé à jouer un rôle pour la deuxième fois dans ma vie. Cette fois-ci, c’était mon propre rôle, celui d’une femme aimée par un régiment de soldats canadiens, la meilleure chose qui arrivait à une foule de jeunes hommes se battant pour la justice en Afghanistan. Vers la fin de sa lettre, Yannis disait au magazine de me remercier d’être celle que j’étais. Mais qui étais-je, en fin de compte ? Je ne me connaissais pas assez pour me contenter de ça. (p.70)
 
Irina cherche à comprendre qui elle est, la migration de ses parents, ses études, ses passions d’enfance pour le théâtre, les personnages singuliers qu’étaient Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne-Mance. Yannis fait en sorte qu’elle revient sur ses pas, évalue son vécu. Pourquoi était-elle fascinée par les fondateurs de Montréal qui ont risqué leur vie pour leur idéal ? Le militaire croit à la liberté et à la justice, se concentre sur les gestes les plus simples. Irina y voit le pendant de l’entreprise de Maisonneuve et de Jeanne-Mance qui, en s’installant à Montréal, ont dû oublier la France. La vie parfois, demande de tout risquer. C’est souvent le cas de l’émigrant qui doit tourner le dos à son passé.
 
Nous sommes tissés de doutes, eux, de passions. Ils nous apprennent que les souffrances du corps rendent les troubles de l’âme insignifiants. Pour nous, ce n’est que la douceur des souvenirs et des sensations lointaines qui nous aider parfois à faire face à la mort. Mais plus on vie ici, plus le spectacle du désert rend stérile la nostalgie. Le contact avec eux devrait au moins nous aider à extirper de nos âmes la névrose, afin de recommencer une nouvelle vie, dépourvue de désirs inutiles. (p.114)
 
Le roman de Felicia Mihali devient une réflexion, une quête, la recherche de l’humain dans toutes ses dimensions. Il y a toujours cette démarche chez elle, ce glissement qui se fait souvent sans heurts. Cette fois, elle le fait au Québec, sa terre d’adoption, dans « ce pays qui n’est toujours pas un pays ». Elle me touche particulièrement dans cette exploration. Felicia Mihali, tout doucement, nous pousse dans ce tremblement d’être nécessaire à l’existence entière et pleine. J’aime son regard, ses propos sur la société, cette époque où les étourdissements et les fausses promesses dissimulent la déperdition et le goût de la mort.
 
De mon côté, je ne lui avais pas parlé de ma formule de la Vie, qui l’incluait amplement dans son équation. J’avais eu peur, ou honte peut-être, de reconnaître combien j’avais besoin de lui, et que ce ne sont pas uniquement les pays qui doivent être défendus, mais chaque individu aussi. Si je l’avais fait, il ne serait pas mort. Mon amour aurait peut-être joué un rôle dans la suite des événements, si je l’avais choisi pour la Vie et non pas pour la mort. (p.155)
 
Tout le drame du mal-être contemporain se retrouve dans ce roman qui ébranle et secoue les idées à la mode, les slogans publicitaires. C’est toujours un bonheur de lire un texte qui mise sur l’intelligence et repousse les fausses promesses. C’est tout l’art de cette écrivaine qui me questionne avec son regard et ses propos qui touchent l’âme, cette inconnue. Un roman qui donne de nouveaux yeux. > 
 
le 11 novembre, 2016. 


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