ChatGPT : embrasser la nature chaotique d’Internet
Eric Deguire propose quelques réflexions sur l’appropriation à l’ère du numérique, alors que plusieurs acteurs du monde de l’éducation sont à la recherche de nouveaux repères.
Il est rare qu’un spectacle permette l’incursion dans un univers dont son public ne ressent plus aucune envie de ressortir. Kiss & Cry de Michèle Anne de Mey et Jaco van Dormael est un de ceux-là.
Ce spectacle se soustrait à toute tentative de définition et de caractérisation, car il redéfinit le terme de « multi-disciplinarité » au point où on a du mal à trouver les mots appropriés pour le décrire.
Il est plein de poésie, de mouvement, de mélancolie, d’humour, où l’infiniment petit prend toute la place, où le tremblement d’un seul doigt peut exprimer la désolation la plus absolue d’une âme délaissée, autant que le premier frisson d’un amour naissant.
C’est une performance qui laisse le spectateur (mais, justement : est-il resté simple spectateur ? N’est-il pas devenu, en cours de route, participant, amoureux, partenaire de jeu ?) dans l’état un peu ébahi d’une prise de conscience : celle d’assister à la création d’un nouveau genre ? indéfinissable car encore inconnu ? mais qui exerce son pouvoir de fascination.
Il s’agit d’une co-production, réunissant la choréographe De Meys et le cinéaste Van Dormael dont les prémisses sont : « Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ? ». Suivant le parcours des cinq amours de Cécile, le récit onirique ? lu en voix off par son auteur, Thomas Gunzig ? est porté par la danse : choréographie minutieuse des mains, empreinte de sensibilité et de sensualité peu communes qui se dessinent sur fond de décors construits avec minutie et imagination, habités par des personnages miniatures.
Techniciens, danseurs, caméras, ordinateurs et différents plateaux de tournage se trouvent tous réunis sur la scène, pendant que la projection de tout ce qui se filme est simultanément présenté sur un écran géant suspendu au fond de la scène. On assiste donc à la fois à la création d’une œuvre – avec tous les déplacements et préparatifs techniques que cela implique – tout en voyant le produit filmé défiler devant nous.
Tout ce va-et-vient des yeux entre l’écran et les plateaux de tournage devrait brouiller le récit, déconcentrer le spectateur au point d’en perdre le fil, mais c’est le contraire qui se produit : la magie de ce spectacle opère à un point tel que tout cela ajoute à l’envoûtement du public.
Une heure et demie passée dans l’univers lumineux de ses créateurs, Kiss & Cry renvoit ses spectateurs dans les leurs – enrichis d’une expérience artistique hors du commun qui prouve qu’il existe encore des créations dont la portée dépasse de loin l’ensemble de leurs composantes.
Kiss & Cry, du 24 au 29 avril 2012, Usine C
Idée originale: Michèle Anne de Mey et Jaco Van Dormael
Création collective: M. A. De Mey, Grégory Grosjean, Thomas Gunzig, Julien Lambert, Sylvie Olivé, Nicolas Olivier, Jaco Van Dormael
Choréographie et Nanodanses: M. A. De Mey et Gregory Grosjean
Mise en scène: Jaco Van Dormael
Texte: Thomas Gunzig
Scénario: Thomas Gunzig et Jaco Van Dormael
© Nadia Neiazy 2012
Photo: Douglas Rideout.
Chanteuse et claveciniste de formation, Nadia Neiazy se consacre – depuis la fondation de sa compagnie d’opéra-théâtre Productions Alma Viva – à la création, promotion et diffusion de spectacles liant chant lyrique et théâtre parlé.
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